Photos, exemples de l’effet Streisand : censurer, c’est buzzer !

Photographie de la maison de Barbara Streisand à l’origine de la découverte de cet « effet pervers » de la censure : l’effet Streisand
Photographie de la maison de Barbara Streisand à l’origine de la découverte de cet « effet pervers » de la censure : l’effet Streisand

L’effet Streisand, une véritable publicité virale !

Cet effet s’est démocratisé en 2003 suite à une affaire mêlant la chanteuse Barbara Streisand et le photographe Kenneth Adelman. Auteur d’un reportage sur l’érosion du littoral californien, le photographe a le malheur de prendre un pan de falaise au dessus de laquelle est perchée le manoir de la diva américaine. La chanteuse, désireuse de limiter la diffusion de la photographie, qui selon elle porte atteinte à sa vie privée, porte plainte contre le photographe. Cette tentative de censure n’a finalement qu’augmenter l’intérêt du public pour le cliché qui jusqu’ici était passé plutôt inaperçu. Résultat : la chanteuse a perdu au tribunal et l’image a fait le tour de la toile et s’est diffusée comme une traînée de poudre. Depuis lors, on parle d’effet Streisand lorsque la censure a l’effet inverse à celui escompté.

Les différentes tentatives de censure contre-productives

Suite à l’affaire Streisand, nombreux ont été les exemples de cette nouvelle tendance. En 2010, Nestlé tente de limiter la diffuser et de censurer une vidéo de Greenpeace mettant à jour l’importante déforestation de l’Indonésie. Cette tentative peu fructueuse de la part de la société suisse est aujourd’hui un exemple régulièrement repris pour illustrer cet effet qui s’applique principalement sur le net. En 2013, on assiste à un exemple à la française de ce phénomène numérique. La DCRI (les renseignements intérieurs français) font retirer un article de la célèbre encyclopédie en ligne Wikipédia concernant une base militaire. S’en suit un pic d’activité sur la page et l’article est par la suite traduit en plusieurs langues et diffuser sur de nombreux sites.

Ce média ne peut aujourd’hui être maîtrisée par aucune organisation. A partir de là, utiliser la justice pour endiguer des images ou des faits se révèle très rarement efficace. La rapidité du net finit toujours par l’emporter sur la lenteur administrative.

S’il fallait démontrer qu’en matière d’information à l’heure du numérique, la loi, ses énoncés parfois et son application souvent, sont désormais en retard sur le droit.

– Edwy Plenel, fondateur de Médiapart

Comme l’explique le professeur Olivier Ertzscheid, enseignant au département information et communication à l’Université de Nantes, il existe trois leviers suscitant cet effet, le tout étant facilité par le déploiement massif des nouvelles technologies : l’injustice, la colère et l’indignation.

Ainsi dès lors que le pouvoir est impliqué et qu’il interdit une information, même inoffensive, on note une montée de la colère ou d’un des levier identifié. La mobilisation « est d’autant plus grande que la personne est prééminente, ou qu’il s’agit d’une institution qui abuse de son statut » poursuit le professeur. En conclusion, la censure n’est pas la solution pour atténuer une crise de communication, encore moins sur la toile. Au contraire, censurer, c’est buzzer !

Les exemples les plus célèbres de l’effet Streisand

Good To Know revient sur tous les exemples les plus célèbres de l’effet Streisand. De la photographie de la maison de la chanteuse Barbara Streisand jusqu’à la photo de François Hollande en passant par la photo de Boris Boillon en tenue de bain.

L’AFP et François Hollande font connaissance avec l’effet Streisand

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Cette photo de François Hollande prise par l’AFP a été postée puis supprimée du compte suscitant un vif intérêt des médias

Cette photo de François Hollande prise par l’AFP a été postée puis supprimée du compte suscitant un vif intérêt des médias

L’un des derniers exemples de l’effet Streisand nous vient tout droit de l’Elysées, du photojournaliste accrédité par l’Elysées pour être plus précis. Denis Charlet, c’est son nom, est l’auteur de l’un des clichés les plus viraux de la rentrée 2013. La photographie peu valorisante du président de la République a été supprimée, d’après Philippe Massonnet, directeur de l’information de l’Agence France Presse, suite à une réunion en interne et en aucun cas suite à des pressions de l’Elysées.

Toujours est-il que la direction de l’agence de presse a rapidement regretté ce geste et a sans doute été le témoin de la puissance de l’effet Streisand. Suite à la suppression de l’image sur les bases de l’AFP et de Reuters, le cliché a engendré une certaine méfiance et une vague de commentaires et de tweets sur la toile.

Nous aurions mieux fait de ne pas tuer cette photo face au buzz déclenché. C’est un peu dommage, car la suppression a provoqué une suspicion sur l’agence, alors qu’il n’y a eu aucune pression. […] C’est une erreur de communication et une belle illustration de l’effet Streisand.

– Philippe Massonnet, directeur de l’information de l’AFP

Linkeo rencontre l’effet Streisand

Cette histoire est bien plus intéressante. Le cadre : l’industrie du web et le référencement ; les acteurs : Linkeo, une agence web spécialisée dans le référencement et LinuxFr, une figure de l’Open Source français. Tout débute par une banale histoire de publication d’offre d’emploi. Linkeo, agence de référencement et de création de sites publie une offre d’emploi pour un poste d’administrateur réseau Open Source sur le site spécialisé LinuxFr.

Quelques heures plus tard, un internaute, qui ne sera jamais identifié publie un commentaire ravageur. Le site de Linkeo serait le fruit d’un amateurisme affligeant. D’après l’auteur du commentaire, le site ne respecterait pas les directives W3C, faisant foi dans le milieu quant à la rédaction du code d’un site. Par ailleurs, le javascript et le reste du code ne serait pas séparé, caractéristique peut appréciable dans le monde du web. Bref, au-delà des détails techniques, le commentaire pique la fierté de Linkeo et s’empresse via son service juridique de faire parvenir une mise en demeure à LinuxFr. La lettre de l’avocat demande la suppression dans les 48h du site ainsi qu’un dédommagement de 1500€.

LinuxFr obtempère pour la suppression du commentaire et finit par supprimer l’offre d’emploi mais refuse le paiement d’un quelconque dédommagement. L’affaire s’ébruite dans la communauté de LinuxFr et finit par enflammer la toile entraînant un buzz extrêmement négatif pour l’agence. Le service de communication de Linkeo finira par s’excuser de la polémique sur Facebook … en vain. Le mal est fait ; l’image du site est ternie par un effet Streisand mal maîtrisé.

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