La création du tableau
Grant Wood qui a beaucoup voyagé pour ses études artistiques a voulu faire un tableau qui représenterait au mieux sa terre natale. L’idée lui est venue en apercevant une maison au style néogothique lors d’une promenade. Il a voulu y associer un couple qu’il imaginait vivre dans cette maison.
3 personnages sont présents dans ce tableau :
L’homme : Grant Wood a pris pour modèle le dentiste du coin qui a accepté à contrecœur de poser. Il est le premier personnage qui attire l’œil du spectateur car il nous fixe dans les yeux d’un regard persistant pouvant mettre mal à l’aise. Il tient à la main une fourche qui le sépare de la femme du tableau.
La femme : L’artiste a demandé à sa propre sœur de se tirer le chignon et de porter des vêtements assez sévères pour l’époque.
La maison : elle est considérée comme le 3ème personnage du tableau car elle reflète un aspect cocooning avec ses pots et plantes mais aussi un aspect religieux avec son architecture gothique d’une église datant du Moyen-Age.
Lorsque Grant peint son œuvre nous sommes en 1930, en Iowa où les ressources sont essentiellement agricoles et où les habitants sont croyants et ruraux face à l’urbanisation naissante. Suite au crash boursier de 1929, beaucoup de foyers essaient de trouver des niches commerciales car l’environnement est plutôt tourné au chômage, méfiance des banques, difficultés économiques des familles moyennes.
Le tableau est considéré par les habitants de l’Iowa comme péjoratif, il montre une image peu ouverte au changement et trop religieuse, alors que pour le reste des américains il s’agit d’un symbole représentant l’Amérique.
Les interprétations d’American Gothic
Le dur labeur américain
Dans la pensée générale, l’Amérique a été fondée par le dur labeur des fermiers, pères fondateurs… Le lieu où tout est possible si l’on se remonte les manches pour travailler d’arrache-pied.
La fourche qui prend une place importante du tableau peut avoir comme première signification le travail, représentant les efforts d’une famille fermière faisant face à l’urbanisme qui prend de l’ampleur.
Couple
Personne ne sait s’il s’agit d’un couple ou d’un père et sa fille. En effet la femme est plus jeune que l’homme mais autant pour l’époque qu’à l’heure actuelle la représentation d’un père et sa fille est mal vu. L’idée qu’un homme âgé soit en en contact avec des jeunes est sujet à une perversion.
Perversion
D’ailleurs certains voient la présence de la fourche comme étant symbole de la sexualité considérée comme perverse pour les familles du Midwest en 1930. La fourche est retrouvée plusieurs fois dans le tableau : sur le bleu de travail du fermier qui montre le désir sexuel de l’homme et la femme étant en retrait serait effacée, soumise à satisfaire son mari. Les 3 dents peuvent être aussi vues sur le toit au-dessus de la femme, et sur le bas de la fenêtre.
Religion et austérité
A l’inverse certains, comme les habitant de l’Iowa, y voient l’importance de la religion et une austérité. Les vêtements strictes et sévères ainsi que le camée de la femme qui n’est portée que pour les occasions laissent penser qu’il s’agit d’un dimanche. La maison a un style religieux et l’on peut apercevoir au loin entre les arbres une flèche d’un édifice religieux. La fourche donne l’impression qu’il y a une barrière de faite en plus des rideaux épais qui ne laissent rien transparaître. En effet elle est positionné les dents relevées alors qu’un fermier la planterait plutôt dans le sol pour s’en servir d’appui.
L’artiste laissera jusqu’à sa mort en 1942, libre court aux différentes analyses sans jamais prendre position pour que les esprits continuent de nourrir tel ou tel mythe.
American Gothic aujourd’hui
Beaucoup de parodies existent mais la plus connue actuellement est celle du générique de desperate housewives qui décoince l’homme le faisant céder à la tentation d’une pin-up des années 50 et la femme qui finit aux oubliettes dans une boîte à sardines.
Des artistes se servent aussi de ce symbole pour dénoncer une réalité sociale en Amérique. Gordon Parks a remplacé les 3 personnages par une femme afro-américaine tenant un balai et une serpillière à la main, le drapeau américain remplaçant la maison. Le but est de montrer la présence de racisme dans le milieu laboral américain.
Pleins d’autres parodies existent mais leur but est juste de tourner en dérision un tableau connu comme peut l’être la Joconde.
Le tableau est exposé à l’institut d’art de Chicago (http://www.artic.edu/) depuis son achat de l’œuvre en 1930 pour quelques 300$.